jeudi 8 mai 2008
RANDONNÉE
Je ne sais pas comment te dire ... Tu prends un sentier. Tu es avec des amis. Tu pars te promener. Tu sais, ou tu ne sais pas, ce que tu vas trouver devant toi. Peu importe, tu bavardes. Tu t’arrêteras un peu pour admirer un vallon, un ruisseau, un arbre ou encore un oiseau, une fleur, un champ de colza ou bien de blé. Tu t’arrêteras un peu. Tu sais à quelle heure il faudra rentrer. Tu as ta montre et tu sais qui t’attend à la maison.
Mais c’est toute autre chose. Il y a des jours que tu marches, des jours et des jours. Personne ne t’attend au prochain gîte. Personne ne t’accompagne. Rencontres de passants ... que tu ne reverras sans doute jamais plus, et qui s’évanouissent au détour du chemin ...
À qui parler ? - Et pourtant tu parles. Tu parles avec qui ? Avec quoi ? Tu parles avec toi-même, sans mots, sans phrases. Ce n’est pas toi qui vas vers l’horizon, c’est l”horizon qui vient vers toi, qui t’emplit. Tu te dissous dans la nature. Tu es à la fois le chemin, la montagne ou la plaine, la rivière ou le ruisseau, la fougère ou bien le saule, le genêt, la prairie et la forêt. Tu deviens le hameau, le village, la vigne et le tournesol. La croix du chemin vient à toi, lentement, et la stèle et la roche, le pont et la tour.
Ton sac à dos te pèse sur les épaules et dans les reins ? Tes pieds sont douleur ? Le souffle te manque un peu ? Ta soif te rappelle que la gourde est vide ?
Tu n’auras pas envie de t’arrêter je pense. T’arrêter pour quoi ? - Il ne s’agit pas d’admiration. Je ne sais pas si je me ferai compendre si je te dis qu’il ne s’agit pas d’admirer. Il s’agit de vivre, Il ne s’agit pas de penser. C’est une communion. Il s’agit de rechercher l’accord, un accord parfait. Tu deviens la nature qui t’entoure. Tu deviens le ciel dans lequel tu t’enfonces. Tu deviens l’univers tout entier. Tu deviens l’indicible. Tu approches, tu approches la Divinité !
Tu oublies la gourde vide. Tu oublies la raideur du Chemin et les cailloux qui le parsèment. Tu oublies le buisson, l’arbre, le hameau et le village. Tu oublies la roche et tu oublies le mont, le val, la forêt et la vigne, le champ et l’ornière.
Tu ne vas pas... Dieu vient à toi ... Il est là, dans cette fleur d’iris parmi les graves.
Arriveras-tu à temps ?
-Qu’est-ce que le temps ?
-Tu vas ... Où vas-tu ?
- Qu’importe. Depuis que je marche, j’ai tout oublié : Je suis.
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